Renault: “Gaz à fond!”
Le plan stratégique «Renaulution» présenté en début d’année par Luca de Meo, le nouveau patron du Losange, inclut une activité de conversion de véhicules diesel au biogaz dans l’usine Renault de Flins. Avec la publication de son rapport climat «En route vers la neutralité carbone», on en connaît un peu plus sur les intentions du groupe français dans le domaine de la propulsion au gaz.

La page Carlos Ghosn dans l’histoire de Renault est bel et bien tournée. Avec l’arrivée de Luca de Meo en juillet 2020, la marque opère une réorientation stratégique majeure, abandonnant la course au volume pour la création de valeur. Le plan, baptisé «Renaulution», s’articule autour de trois phases principales: «Résurrection», qui s’étendra jusqu’en 2023, vise le redressement de la marge et la génération de liquidités. La phase «Rénovation» se poursuivra jusqu’en 2025, avec le renouvellement et l’enrichisse- ment des gammes pour une meilleure ren- tabilité. Enfin, la phase «Révolution», qui démarrera en 2025, fera basculer le modèle économique du groupe vers la technologie, l’énergie et la mobilité. L’ambition de Luca de Meo est de faire de Renault le groupe leader en Europe en termes de mobilité durable d’ici 2030.

Repenser le mode de consommation automobile
Pour atteindre cet objectif ambitieux, Luca de Meo et ses équipes ont planché sur quantité de projets. Parmi ceux-ci, la réaffectation de l’usine de Flins, où sont actuellement produites la Renault Zoé et la Nissan Micra. A l’horizon 2024, terminée la production de voitures neuves, place au recyclage et au reconditionnement de véhicules d’occasion. L’idée est d’étendre la durée de vie des véhi- cules en remplaçant certains organes ou de procéder au recyclage et centraliser la disponibilité de pièces détachées et matières pre- mières.
Dans le cadre du reconditionnement, un département de l’usine, qui sera baptisée «Re-Factory», se chargera du rétrofit de vé- hicules thermiques avec des propulsions plus propres et à la pointe de la technologie.

Le diesel remplacé par le gaz
Renault vise bien entendu et autant que faire se peut la conversion à l’électricité, mais pas seulement. Les utilitaires diesel, par exemple, passeront à une propulsion à biogaz, qui leur permettra de réduire quasi à zéro les émissions de CO2. C’est une alter- native intéressante pour les professionnels, à l’heure où le diesel est progressivement chassé des centres urbains. Le gaz naturel offre une polyvalence accrue et accessible financièrement face à l’électricité, par exemple, ou à l’hydrogène qui arrivera pro- chainement dans le segment des utilitaires.
Le biogaz figure par ailleurs en tête de liste parmi les options retenues par le groupe Renault pour décarboner au maximum ses gammes, autant les voitures de tourisme que les utilitaires, en Europe comme à l’International. Jusqu’ici le Losange n’a jamais proposé de série une carburation au gaz naturel; une expérience est en cours sur une flotte de Dacia Sandero, dont une mouture GPL est par ailleurs proposée au catalogue français. Seul un équipementier proposait en seconde monte une installation au gaz naturel sur la Clio de quatrième génération. L’expérience en matière de propulsion au gaz naturel acquise par Luca de Meo chez Seat est certainement pour beaucoup dans l’établissement de cette stratégie. Affaire à suivre!
Marc Devion