Mémorial Jo Siffert: La légende
Le 24 octobre prochain, il y aura 50 ans que Jo Siffert est entré dans la légende. Si la Suisse compte quelques héros dans son histoire, le pilote fribourgeois en fait assurément partie. Un nouveau livre témoigne de l’épopée Siffert et de nombreux événements jalonneront cette année jubilaire.
Je vous parle d’un temps que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître. Cette époque de chevaliers des temps modernes que Jackie Stewart décrit par «when sex was safe and motor racing was dangerous» (quand le sexe était sûr et le sport mécanique dangereux), dont chaque saison en F1 dénombrait la perte d’un ou plusieurs pilotes.
Le championnat officiel 1971 s’était plutôt bien déroulé. Il a même vu Jo Siffert réaliser le hat-trick (pole position, victoire et record du tour) au Grand Prix d’Autriche au volant de sa BRM, à qui d’aucuns promettaient une saison 1972 sous les meilleurs auspices. C’est lors de l’ultime rendez-vous de la saison, une course hors championnat en l’honneur de Jackie Stewart fraîchement auréolé de son deuxième titre mondial, que tout s’arrête. Il est 14h18 ce dimanche 24 octobre 1971. La BRM blanche de Siffert sort dans le virage Hawthorn du circuit de Brands-Hatch et s’embrase instantanément. On ne connaîtra jamais la cause exacte de l’accident. Prisonnier de sa monoplace, le pilote suisse meurt en quelques secondes, as- phyxié. Les couronnes de fleurs et les larmes remplaceront les lauriers et le champagne. L’annonce du décès de Siffert est un séisme. A Fribourg et au-delà, tous se rappellent où ils étaient quand ils apprirent la nouvelle. Le 29 octobre, les funérailles rassemblèrent 50 000 personnes dans les rues de Fribourg. Jo Siffert entrait dans la légende.
432 pages, 600 photos
Un nouveau livre consacré à Jo Siffert sort de presse. Intitulée «Il s’appelait Siffert. Jo Siffert», cette somme de 432 pages revient sur le parcours hors du commun du «Petit gars de la Basse» qui a débuté sans-le-sou, pratiquait la maraude et le siphonage de réservoirs pour participer à ses premières courses jusqu’à devenir l’un des pilotes de F1, de F2, d’endurance et de CanAm les plus respectés et admirés de son temps. Jean-Marie Wyder, l’auteur, nous embarque dans un voyage au travers de 17 pays, autant de théâtres des exploits de «Seppi». Un périple illustré de plus de 600 photographies, dont une majorité d’inédites, et des coupures de presse qui nous replongent dans l’âge d’or de la course automobile. Il ne manque que le vrombissement des moteurs, l’odeur de l’essence et l’insouciance de cette décennie dorée et prodigieuse des années 60.
En ces temps troublés, où la notion de risque est devenue obscène, «Il s’appelait Siffert. Jo Siffert» nous rappelle – et montre aux plus jeunes – que la passion, la persévérance et la combativité sont un formidable moteur. Les mots de l’homélie du Père Duruz, lors des obsèques de Jo Siffert, résonnent encore 50 ans plus tard: «Là où il y a le risque, il y a la mort. Là où il n’y a pas de risque, il n’y a pas de vie.»
Une expo et diverses commémorations
Sous la bannière «Mémorial Jo Siffert», plusieurs événements commémoratifs sont planifiés durant cette année. Le point d’orgue sera le week-end du 22 au 24 octobre 2021, avec un rallye de régularité, une journée grand public avec conférence et le traditionnel pèlerinage des fans au cimetière de Saint-Léonard à Fribourg.
En parallèle, depuis le 24 mars et jusqu’au 17 décembre se tient une exposition au Swiss Viper Museum de Givisiez. Ouverte au public chaque vendredi de 10h à 20h, elle présente diverses voitures pilotées par Jo Siffert, dont la mythique Porsche 917, divers objets et des films retraçant des séquences de course de l’époque.
Jérôme Marchon
Livre:
“Il s’appelait Siffert. Jo Siffert”, Jean-Marie Wyder, Turbo Editions, www.lespilotessuissesdef1.ch
Infos Mémorial Jo Siffert:
www.josiffert21.ch
Exposition Jo Siffert:
Swiss Viper Museum, route André Piller 46, 1762 Givisiez